Lamghari Moubarrad Amina:
La Gouvernance de la Place de Jamaa el Fna dans le contexte de la Touristification et de la Patrimonialisation
Résumé:
La mise en tourisme et la valorisation patrimoniale au Maroc s’inscrivent dans les actions du développement économique et de lutte contre les disparités sociales.
Cependant, de nombreuses recherches scientifiques sur la ville de Marrakech et son arrière-pays, dénoncent la banalisation et la folklorisation du patrimoine ainsi que le déséquilibre et la disparité sociale et économique provoqués par le caractère marchand du tourisme dans les territoires qualifiés de patrimoniaux. La pauvreté et les écarts sociaux sont accentués dans cette ville classée autant que destination touristique internationale, première en Afrique et au Maroc. Le paradoxe est permanent entre ces classements touristiques basés sur l’aspect statistique mesurable par le nombre de touristes et le statu quo du déséquilibre des territoires du patrimoine. Ces deux secteurs sont quasiment affrontés aux problèmes de gouvernance territoriale.
Pour remédier à cette situation, plusieurs grands projets et programmes visant le développement durable du tourisme culturel sont lancés à Marrakech depuis 2014. Il s’agit des programmes « Marrakech cité du renouveau permanent (2014-2017) », « Circuits touristiques et spirituel de la Médina de Marrakech (2017- 2019) » et le programme de « Valorisation de l’ancienne Médina de Marrakech (2018-2022). Tous ces projets présentent un cadre de partenariat entre les différents acteurs institutionnels, privés et la société civile afin de procéder par une approche participative et une gouvernance locale pour un développement territorial durable via la promotion d’un tourisme culturel durable visant l’authenticité identitaire des territoires ainsi que l’équité sociale. Ces projets dont le tourisme et le patrimoine doivent acheminés ensemble présentent une innovation chez les partenaires de gestion. Mais cette démarche n’est pas sans affronter des défis pratiques.
De ce fait, cette thèse se penche donc sur l’étude de cette problématique en se focalisant sur l’exemple de la « Place Jama el fna », territoire doublement reconnu patrimoine matériel et immatériel par l’Unesco ainsi qu’un lieu hautement touristifié.
Le choix de ce terrain d’investigation n’est pas fortuit. En effet, ce territoire agonise aujourd’hui par les effets de la pandémie due au COVID-19. Mais depuis un moment, il demande d’être interrogé sur la nature de crise subi entre patrimoine et tourisme. Cette situation ne fait-elle pas de la place Jama el fna victime d’une touristification marchande, d’une banalisation du patrimoine matériel- immatériel et de pauvreté et d’atteinte aux droits de l’Homme ?Ou bien cette situation de crise ne relève-t-elle pas principalement d’un déficit dans la gouvernance territoriale entre les différents acteurs et secteurs ?